384             MEMOIRES DE PIERRE DE l'ESTOILE.
qui devoient assister à la conference, les ont priés fort doucement et civilement de témoigner audit Ram­bouillet qu'ils seroient très - aises qu'il se fût excusé de prendre cette charge; et les ont priés de vouloir lui en parler, attendu ce qui s'étoit passé aux Etats de Blois. A quoi ils répondirent que cela regardoit ceux qui les avoient commis; mais que dans la suite ils feroient tout leur possible afin que ce cas n'interrompît pas la con­ference. Et aussi-tôt ils ont pris leurs places, ont vérifié les passeports, reconnu leurs pouvoirs réciproques. mis ordre à leur garde; et proposèrent une cessation d'armes de part et d'autre, de quelques lieuës à la ronde.
Le lendemain 3o d'avril, les députés des Etats sont partis des Etats pour aller à Surene, où ils sont arrivés environ une heure après midy ; et auparavant de s'as­seoir ils ont demandé aux royalistes si le sieur de Ram­bouillet devoit prendre place à cette conference, vû le soupçon que madame de Guise avoit qu'il n'eût conseillé la mort du duc de Guise. Il leur a été répondu qu'il ne leur appartenoit pas de resoudre cette question, ni de défendre audit sieur de s'y trouver. Sur quoy lesdits députés des Etats dirent qu'ils ne pouvoient continuer la conference qu'ils ne fussent satisfaits sur ce point; et se sont retirés sur l'heure à une chambre à part, et les royalistes aussi.
Sur quoy le sieur de Rambouillet leur a fait dire qu'ils agréassent de l'écouter. Messieurs de Lyon, d'A- # vranches, de Belin et de Jeanin -ont été députés pour l'entendre; et après plusieurs propos de part et d'autre, M. de Lyon lui dit qu'ils n'étoient point pour ouir ses justifications ni pour l'accuser, mais pour représenter
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